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La mémoire du drame

C'est grâce aux témoignages oraux que cette histoire peut revoir le jour en 2002.
Cette transmission s'est faite par l'intermédiaire des femmes.
Des mères, des grand-mères racontant à leurs enfants et petits enfants.
La transcription des récits est faite avec les mots des conteurs, qui vraisemblablement traduisent des émotions qui ont du évoluer au cours des 130 ans qui nous séparent des faits.

Transmission orale, les récits

-1er témoignage:
Cette histoire je l'ai entendu raconter par ma mère.
Ils ont été fusillés au pied de l'arbre.
C'est la femme du propriétaire qui avait donné l'autorisation.
Ils avaient tué des poules parce qu'ils avaient faim.
Dans toutes les communes où ils sont passés, aucun maire n'a accepté qu'ils soient fusillés dans sa commune.
Ils étaient juste fusillés quand la grâce est arrivée.

-2e témoignage:
La grand-mère de ma femme m'a dit:
"Non, petit, il ne faut pas acheter là, parce que ça rappelle un trop mauvais souvenir..."

-3e témoignage:
Ils ont été tués parce qu'ils avaient volé des poules.

-4e témoignage:
Ils ont été fusillés à côté du gros chêne qui est toujours là, pour avoir volé des poules.

-5e témoignage:
Ma grand-mère (qui allait à l'école en 1871) m'a raconté qu'il y avait eu des fusillés et que personne ne voulait qu'ils soient fusillés.
Mais c'est le maire qui avait donné l'autorisation de les faire fusiller à Saint Étienne de Fursac.
Je sais qu'il a eu aussi des revers après, ça lui a porté malheur.

-6e témoignage:
Les fusillés sont enterrés au cimetière de Saint Étienne de Fursac.

-7e témoignage:
Tous les maires de la région avaient refusé que l'exécution ait lieu sur le territoire de leur commune à l'exception de Saint Étienne de Fursac.
Depuis, les régiments venant de Poitiers pour aller en manœuvres à La Courtine évitaient de passer dans la commune de Saint Étienne de Fursac et jamais n'y cantonnaient.

-8e témoignage:
Quand j'étais enfant, mon arrière grand-mère me racontait des histoires du temps passé, dont une qui l'avait profondément marquée.
Après la capitulation de Paris en janvier 1871, l'armée française battit en retraite et une de ses unités arriva à Fursac.
Ces hommes étaient épuisés et affamés. Un jour, trois d'entre eux attrapèrent une poule, la firent cuire sur un feu de bois mort et la mangèrent. Hélas, ils furent vus et dénoncés à leurs supérieurs. Un tribunal militaire se réunit et nos trois soldats furent condamnés à mort.
Cette condamnation vraiment disproportionnée, émut la population et des protestations fusèrent faisant fléchir l'autorité militaire qui décida de commuer la peine à condition que les maires des sept communes environnantes accordent leur grâce.
Nos trois soldats allèrent donc demander aux maires un avis favorable.
Les six premiers acceptèrent.
Il ne restait que celui de Saint Étienne de Fursac. Hélas la grâce fut refusée par le maire de l'époque.
Il n'y avait donc pas unanimité.
La sentence fut exécutée au pied d'un arbre, dans un pré, à la sortie du bourg de Fursac, sur la route de Chamborand.
Cet acte odieux fut désapprouvé par la population de la région et chaque dimanche au cours de la messe le curé ne manquait pas de prier pour la mémoire de ces trois soldats morts pour rien.
Les jeunes filles de Fursac et des villages alentours allaient, en sortant de l' église, au cimetière de Saint Étienne, porter des fleurs sur les tombes de ces trois malheureux.

-9e témoignage:
Je sais que c'est trois militaires qui ont été condamnés à mort.
Ils avaient volé des poules.
Ils avaient été promenés dans pas mal de communes et on avait refusé de les faire fusiller.
Et c'est à Fursac qu'ils ont été fusillés dans le pré des "Sagnes", au pied du chêne.
Il paraît que la grâce est arrivée peu de temps après.

-10e témoignage:
C'est en 1870, après la défaite des armées de Napoléon III, une troupe de soldats est arrivée à Fursac. Cette troupe avait 2 ou 3 civils qui étaient condamnés à mort par je ne sais quel tribunal. Ils devaient être exécutés avec la signature d'un maire.
Les hommes ont été fusillés à Fursac.

-11e témoignage:
C'était à la déroute de 1870. Les troupes étaient livrées à elles-mêmes et elles étaient arrivées jusqu'à Grand-Bourg.
Une troupe de soldats, pour se nourrir avait volé des poules. Donc , ils sont passés en conseil de guerre. Ils ont été condamnés à être fusillés.
Le maire de Grand-Bourg a dit qu'il n'avait pas de terrain. Il a refusé qu'on fusille des soldats français sur sa commune.
Ils sont donc descendus à St Pierre et le maire a refusé également.
C'est à St Etienne qu'ils ont été fusillés.
Ce chêne se trouve toujours dans ce pré. On ne l'a jamais abattu.
Les femmes de Fursac qui étaient enceintes étaient venues faire un cercle autour des soldats attachés.
Elles étaient venues les préserver en se disant : « L'officier n'osera pas donner l'ordre de tirer. »
Il les a fait enlever. Les soldats ont été fusillés et il a obligé les hommes de St Etienne de Fursac à les emmener au cimetière dans des cercueils faits avec des planches qui étaient disjointes ; donc les traces de sang allaient jusqu'au cimetière.
En parlant de l'arbre, on disait : « C'est l'arbre de la honte »

-12e témoignage:
C'est mon arrière grand mère décédée en 1936 à l'âge de 93 ou 94 ans , qui travaillait comme bonne à la ferme de La Grange , qui a vécu les fusillés de Fursac et qui en racontait l'histoire dans notre famille.
C'est l'histoire de deux soldats qui avaient volés deux poules et comme sentence cela a été la peine de mort. Ils ont été fusillés.
Bien entendu pour cela il fallait l'autorisation du maire.
La garnison allait de commune en commune et aucun maire n'avait accepté, jugeant la sentence disproportionnée avec la faute commise. Et quand ils sont arrivés à Fursac, le maire a donné l'autorisation de la sentence.
Cela s'est passé dans le pré "Des Sagnes". Là, il y a un gros chêne sur la droite, un chêne qui est plusieurs fois centenaires. Ils leur ont sans doute bandé les yeux comme cela se fait.
Mon arrière grand mère qui travaillait à la ferme de La Grange a dit qu'elle s'était bouché les oreilles pour ne pas entendre les détonations.
C'est la version que j'ai entendu chez moi.
Vous vous rendez compte pour deux poules. Ce n'est pas pensable ce qu'était la vie et la discipline à cette époque là.

-13e témoignage:
Des charpentiers avaient mis des pelles dans le Peyroux pour inonder « Les Sagnes »et ainsi qu'ils ne puissent pas les fusiller. Ils s'y sont pris trop tard. Les Sagnes n'ont pas été inondées et ils les ont fusillés. Mais c'étaient des gens qui étaient condamnés à être exécuté depuis l'Alsace Lorraine et il fallait l'autorisation du maire. C'était un nommé Lacoste qui était maire et qui a donné l'autorisation car depuis l'Alsace Lorraine, pas un maire n'avait donné l'autorisation. Et ils ont été fusillés sous le grand chêne au milieu des Sagnes

-14e témoignage:
On racontait cette histoire dans le bas de Fursac.Pendant la guerre de 1870 des militaires qui stationnaient à Fursac et qui avaient faim avaient volé une poule ou plusieurs dans une ferme. Ils ont été fusillés au chêne qui est en face la maison Grimaudie à côté du pont.

-15e témoignage:
 On m'a toujours dit que dans le pré qui appartient maintenant à la commune, sous le gros chêne, il y a eu 3 soldats fusillés car soi-disant ils avaient volé des poules.Ils devaient être fusillés à d'autres endroits mais les gens n'avaient pas voulu.

-16e témoignage:
 Les soldats avaient tué une poule et on leur avait dit qu'ils seraient fusillés. Ils étaient passés dans beaucoup de communes et personne n'avait voulu les fusiller. Ils sont arrivés à Fursac et là on les a fait fusiller. Celui qui les a fait fusiller a eu 2 fils. Ils étaient aviateurs . Ils ont été tués à la guerre de 14. Ils étaient passés dans plusieurs communes. Ils étaient passés à Laurière et le maire n'avait pas voulu les faire fusiller.
Quand ils ont été tués, le maire a reçu un avis comme quoi ils étaient graciés. Mais c'était trop tard.